Pourquoi les artistes contemporains ont-ils un CV ? (et pourquoi est-il différent de la plupart des CV de recherche d’emploi ?) Pourquoi le CV ne concerne-t-il que notre « vie professionnelle » ? Est-ce que vous avez plutôt des mad skills ou des soft skills ?

Avec Élise Vandewalle, nous nous avons d’abord écrit un premier anti-CV. Un anti-CV commun (pourquoi le CV est-il strictement personnel ?). Puis, rejoint·es par Isabelle Vicherat, nous avons proposé à d’autres d’écrire aussi leur anti-CV. Grâce à l’aide de participantes à ces ateliers d’anti-CV, nous avons réunis les propositions sous la forme de cartes. Nous avons réalisé plusieurs lectures participative de ces cartes. Vous pouvez télécharger cette édition ici :




» Le CV présente un monde lisse de réussites professionnelles. Dans l’art spécialement, comme dans le monde dégradé du travail néo-libéral, c’est particulièrement ironique ou cruel. Car la réalité de ce parcours de vie est souvent à l’inverse de ce vernis clinquant : galères en tout genre, jobs de merde, expositions non rémunérées, mépris des supérieurs , exclusion sexiste et raciale, …
Mais il est évident aussi que ce contre-monde n’est pas fait que de mort sociale et de renoncement. C’est aussi l’espace où plus vraisemblablement nos vies se construisent. Dans une économie basée sur la compétition, et particulièrement pour nous dans le monde de l’art contemporain, réussite professionnelle signifie bien souvent une participation accrue à l’aliénation volontaire et à la propagande. À l’inverse, les échecs ou les chemins erratiques, le chômage et le désœuvrement, sont autant d’occasions de pouvoir se relier aux conditions réelles d’existence : la recherche des moyens de subsistances (nourriture, logement), les liens d’amitié et de solidarité qui permettent de tenir, la dépendance et notre responsabilité vis-à-vis d’autrui, l’activité invisible de la vie qui fonde tout le reste et en particulier notre propre existence, à travers le fonctionnement de notre corps, …
Le CV est un nœud important du dispositif d’enrôlement néo-libéral et un outil de validation capitaliste. Mais c’est étrangement un objet peu ou pas problématisé, il reste souvent une évidence, une évidence laborieuse à réaliser et sans alternative. Or il est clair qu’un vrai « curriculum vitae » pourrait être bien autre chose, un terrain pour réinventer d’autres relations entre individu et groupe par exemple. Dans ce sens, notre intention avec l’Anti-CV serait d’indiquer des catégories divergentes pour repenser son domaine d’activité (l’art dans notre cas). On pourrait aussi indiquer un autre rapport au temps que le temps instrumental du CV actuel, désigner une relation à la vie biologique (le corps est absent du CV) ou au milieu (le CV étant purement individuel), etc. » Cabaret courant faible

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