Ces dernières années, j’ai dessiné et écrits sur deux mondes séparés, les plantes et la critique de l’art contemporain.

Étrangement, ces deux implications s’intitulent «Transmissions végétales» et «Courants faibles». Les deux emploient un terme lié au mouvement. Je me dis aujourd’hui qu’il y a plus de ressemblance entre ces deux univers que l’apparente différence le laisserait penser. Les plantes sont des courants faibles, des forces discrètes, non dominantes, mais déterminantes. Les courants faibles sont des déplacements vitaux que l’on fait pour transformer les existences, des actes qui tiennent peut-être plus d’une puissance de vie, à l’image de celle des plantes, que d’actions programmées.

J’observe que les artistes subissent des pressions multiples pour unifier leur travail, l’inscrire dans un champ donné, lui donner un sujet. Cela commence dès l’école d’art et se poursuit tant au niveau institutionnel que marchand. Cette segmentation permet, il me semble, un contrôle idéologique du discours artistique : chacun·e s’inscrit de soi-même dans un espace théorique donné, relativement standardisé, attendu et validé (ou non !) par les commissaires et les institutions. Tout cela participe de l’aspect bureaucratique et industriel de l’art contemporain. Et conduit aussi à une impossibilité de traduire une expérience commune du réel, puisque celle-ci, au moins outrepasse les catégories en cours, voir va à l’encontre de celles-ci (voir étude art regrès).

Cette double implication, inconfortable, plante et émancipation de l’art, devient alors une chance. La chance de pouvoir, en tentant d’établir des ponts entre ces deux domaines, appréhender une part insoupçonnée de notre relation au monde – ce que nous appelons avec Élise Vandewalle, la faiblesse.

Les dernières réalisations dans les Courants faibles utilisent principalement l’écriture. Celles en lien avec les Transmissions végétales, le dessin.

En bas : Convention AR, septembre 2023, photographie prise par Jonas Fadrique