COLLECTAGE ET GRANDILECTION – une recherche d’alternative à la collection d’art

« Prenons des objets artistiques, des dessins par exemple, ils dorment tranquillement dans le placard d’un atelier. Concrètement, ils ne valent rien, on peut essayer de les vendre, mais on risque bien de ne rien en tirer. Le plus bizarre, c’est que ces dessins, imaginons-les maintenant dans la réserve d’un collectionneur d’art. Ils ont maintenant une valeur. Mettons-les en vente et on les échangera contre une certaine somme d’argent. Cette accroissement de la valeur a de multiples raisons, mais il y en a une particulièrement que je voudrais explorer ici, c’est leur qualité d’être ensemble qu’on appelle « collection ». La collection est ce geste magique qui réunissant un certain nombre d’oeuvres d’art leur confère une valeur et les fait perdurer dans le temps long et l’histoire. Le mot même de collection est un terme surchargé, l’histoire de la collection s’intriquant à l’histoire de l’art, avec son origine dans les cabinets de curiosités et comme un des fondements du monde artistique occidental : qu’on pense au terme « collection » employé pour qualifier les oeuvres d’art d’un musée. Cependant si cette opération est un incontournable dans le champ de l’histoire, elle est tout autant un rouage du capitalisme, de l’impérialisme et du colonialisme. Dans Les anneaux de Saturne, W. G. Sebald constate que « […] nombre de musées remarquables tels que le Mauritshuis, à La Haye, ou la Tate Gallery, à Londres, ont vu le jour grâce à des donations de dynasties sucrières ou sont liés de quelque manière au commerce du sucre.» En France, les campagnes napoléoniennes ont contribué à « l’universalisme » des collections publiques tandis que l’entreprise coloniale a permis de réunir d’immenses collections dites « ethnographiques ». Les collections sont donc mêlées intimement aux faits de domination géopolitique. Aujourd’hui, les collections sont toujours des éléments du pouvoir de l’élite : collection Pinault à la Bourse de Paris ou celle de la fondation LVMH, pour ne citer que deux des plus impressionnantes manifestations.

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TRANSMISSIONS VEGETALES #2 – dessins et textes – juin 2021

Surface, dessin à l’encre sur papier, 100x70cm

« Je viens tous les week-ends avec la tête chargée de problèmes. Je les accroche au figuier en arrivant. Et quand je repars, ils ne sont plus là. » Paroles de jardinier.e.s d’Aubervilliers et de Pantin, agitationspotagères

« En regardant longuement les photographies prises dans ces jardins, je comprend une chose évidente, un jardin est le fruit d’une relation plantes-humains ! C’est une question de surface et on perçoit le jardin comme cela, comme une étendue, « un espace vert ». Dans la ville, ces terrain apparaissent en disjonction avec le reste de l’environnement minéral, mécanique, électrique et anthropique. » La communité des jardins, mondesheureux.net

« Le temps passait. Les immeubles remplaçaient les champs, les pavés, le béton recouvraient tout. Les jardiniers cessaient d’être jardiniers faute de terre […]. » Un conte militant pour petits et grands, Viviane Griveau-Genest

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ANTI-CV

Morceaux choisis :

2017 : Naissance de ma fille, s’occuper d’un enfant demande du temps, surtout les premiers mois. Je donne des cours et je m’occupe d’elle avec ma compagne. Crèche parentale, expérience rocambolesque, les murs sont près de s’effondrer, l’argent manque mais les enfants sont heureux. Je ne suis pas beaucoup à l’atelier. Aller à un vernissage relève de l’exploit.

2013 : Pendant presque une année, je rénove une maison en banlieue parisienne. Je deviens plombier, électricien, plaquiste, etc. Pourquoi ne pas se reconvertir ? C’est assez gratifiant comme travail…

2005-2006 : Voyage d’étude, test d’anglais, je ne sais pas vraiment parler anglais, je fuis le test. Je suis envoyé dans la ville de Québec au Canada et retrogradé en première année à l’école d’art. Ennui profond. Je pars à Montréal et vis à l’hôtel « Eurêka ». Des amis français se joignent à moi. Nous voyageons au Canada et aux Etats-Unis et nous faisons de belles rencontres.

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SECESSION – Lettre aux conventionnistes

Photographie : Etienne Cliquet

« A l’origine de ces réflexions, il y a avait la conviction qu’une sécession d’un monde de l’art était nécessaire : soit la sécession, soit l’effacement. J’aime ce mot de sécession, j’apprécie beaucoup aussi son sens historique, la Sécession viennoise, qui joue la naturalité et le corps contre la propriété aristocratique. Je vois aussi la sécession comme un processus certes de dissociation, mais qui implique aussi la solidarité d’un groupe.»

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TRANSMISSIONS VEGETALES I recherche sur les relations plantes-humains

avec Agnès Prévost

EXPOSITION ET LANCEMENT DES EDITIONS

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Les plantes sont de grandes faiseuses de formes. En ville, c’est souvent une raison importante pour partager notre quotidien avec elles. Pour autant, elles ne se réduisent pas à des choses muettes, ou de simples ornements. Leurs formes, leurs besoins, leurs rythmes et leurs modes de croissance sont des signes qui pénètrent et agissent sur le monde humain. Ainsi les plantes fixent un imaginaire, dessinent ou maintiennent une mémoire, supportent des valeurs, inspirent des conduites. Les vies des plantes à bien y regarder s’infiltrent dans nos existences et les meuvent. Comment alors les plantes signifient-elles pour nous ? Quels mondes possibles imaginons-nous et cherchons-nous à engendrer avec elles, parfois à notre insu ? Agnès Prévost et Nicolas Guillemin s’intéressent depuis longtemps à ces questions formelles et sémiologiques, et aux continuités empathiques et politiques qu’elles engendrent.

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AUBAINE groupe de travail

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Il y a des choses qu’on peut faire tout seul et des choses pour lesquelles on a besoin des autres. Certaines sont clairement définies, rendues possibles par l’organisation sociale et la division du travail, tandis que d’autres sont plus informelles. En tant qu’artiste, écrivain, etc. nous nous retrouvons souvent dans la situation de demander à un proche, un camarade d’atelier, de relire un texte, ou donner son avis sur l’état d’avancement d’un tableau ou de participer à une performance. Sans ces coups de main peu d’oeuvres verraient le jour. Ces aides relèvent de ce que Pierre-Joseph Proudhon qualifie « d’aubaine », Lire la suite